En diplomatie, le choix des mots n’est jamais fortuit. Chaque terme porte en lui une portée politique et juridique qui reflète la vision stratégique des États et la nature réelle de leurs intentions. Le différend opposant l’Algérie et la France au sujet de l’accord de 2013 sur l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et officiels illustre avec éclat cette réalité.
Du côté français, le vocabulaire employé – « suspension » – s’inscrit dans la logique d’un gel temporaire de l’application de l’accord, tel que le prévoit le droit international, sans pour autant en abolir l’existence juridique. Ce choix, qui préserve la possibilité d’un rétablissement futur, apparaît toutefois comme l’expression d’une diplomatie prudente, voire paralysée, incapable d’assumer la rupture ou de s’engager dans un choix irréversible.
À l’opposé, l’Algérie, par la voix de son ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, a opté pour la « dénonciation ». En droit international, ce terme équivaut à un acte souverain et unilatéral mettant fin, de manière définitive, aux engagements prévus par l’accord. Ce geste, conforme aux dispositions de la Convention de Vienne sur le droit des traités, scelle une décision ferme et sans équivoque, traduisant une volonté claire de tourner la page.
Juridique: la suspension est une parenthèse ; la dénonciation, un point final.
Politique : la France se réfugie dans l’attente ; l’Algérie affirme la rupture.
Diplomatique : Paris manifeste un flottement, Alger une maîtrise assumée de son cap stratégique.
Ce qui pourrait sembler n’être qu’un débat technique révèle en réalité une fracture plus profonde : un déficit de confiance et une divergence fondamentale dans la conception même des relations bilatérales. Là où la France suspend, l’Algérie tranche